Invité
Il ne sait pas combien de temps il est resté à observer la fameuse habitation. Trop longtemps, probablement. Sûrement bien assez pour qu’on en vienne à se demander ce qu’un membre des peacekeepers foutait là, en plein milieu de la rue. Caldeira n’a eu d’autre choix que de traverser le Passage avec l’uniforme des peacekeepers sur les épaules et il réalise à présent que le calcul a été mauvais, qu’il aurait dû trouver une solution, une excuse pour ne pas porter la tenue noire caractéristique aujourd'hui.
Face au lieu -aimablement désigné par un habitant de Forest Hills, l’hésitation l’avait figé un moment, comme s’il n’avait pas déjà réfléchi des heures aux bons mots avant, le doute reprenant rapidement possession de tout son être. Peut-être serait-il mieux de faire demi-tour, peut-être que Grace déciderait un jour de venir d’elle-même. Peut-être qu'il ne s'en voudrait pas d'avoir fait marche arrière.
Mais combien de fois encore choisiraient-ils de s’éviter ou de s’ignorer ? Combien de fois encore devraient-ils se croiser sans se voir, sans qu’aucun ne daigne faire le premier pas ? D’abord question de fierté et d’ego mal placé, le besoin de lui parler et de s’assurer qu’elle et Anna aillent bien a de toutes manières fini par prendre le pas.
Seules cinq années se sont écoulées et celles-ci paraissent comme une éternité. Alors il a besoin de savoir, ce besoin un peu égoïste de se rassurer aussi. Et si cette interaction devait être la dernière, il n’y aurait pas de regret.
Une longue inspiration est prise alors que le commandant se rapproche enfin de la porte et se décide enfin à frapper. Et quand enfin la porte s’ouvre, il y a tout de suite cette crainte qui resurgit, la peur de voir ses derniers espoirs s’envoler, mêlé à cette volonté de ne pas flancher, de ne pas perdre la face ; à l'annonce de la fin de recherches, il ne l’a pas suivi et elle n’est pas non plus restée.