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REST IN PEACE, ASS

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GASTOWN, RANDY'S APPARTMENT


3 mars 20233

@MORGAN NTSAMA


Chaque boîte, un nouveau souvenir. Des feuilles d’examen écrit, des manuels de méthodologie. Randy avale une gorgée et passe à une nouvelle boîte, en plastique cette fois. Des notes écrites, un référencement dont les noms appartenaient sûrement à des gens morts. Plutôt vider sa bière dans l’évier plutôt que d’avouer qu’elle avait le même problème que son père. Tout documenter, tout archiver. Au vu de l’état de son appartement, on pourrait croire que c’était maladif. Il restait néanmoins praticable—quand elle se mettait pas soudainement à tout ouvrir pour retrouver une photo qui n’existait peut-être que dans sa mémoire altérée.

On cogne à sa porte et elle râle dans le vent. Un coup d’oeil à sa fenêtre et elle devine que le couvre-feu devait déjà être passé. Le peacemaker qui aura le malheur de la ramener à son bureau détestera sûrement son uniforme pour la soirée. Son meuble d’entrée grince sur quelques centimètre après que sa jambe se soit enfoncé dedans. Randy n’était pas connue pour être une fine bouche mais cette fois elle surpassait. "Who’s that?" Lance-t-elle à travers sa porte comme si la personne était responsable d'avoir mis sa commode dans son chemin.

La voix—Morgan?— annule toute colère. "Hi—hey." Elle ouvre un peu plus que prévu la porte d'entrée. "You need anything?" L’idée qu’elle soit de passage dans l’immeuble pour son père ne lui traverse pas l’esprit, bien que ça soit la plus évidente.
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GASTOWN, RANDY'S APPARTMENT


3 mars 20233

@RANDY FAGAN


“Oh yeah, before you go, doc.” Morgan retire ses doigts de la poignée usée pour se retourner vers Joseph Fagan, le regard bienveillant. Le vieil homme déplace quelques bricoles, lâchant occasionnellement quelques grommellements découragés que la psychiatre n’entend pas, avant de lui apporter une petite boîte en carton ciré. “Won’t ya bring that down to my kid?” L’entendre référer ainsi à Randy, qui frôlait la cinquantaine, ne manquait jamais d’amuser Morgan. “My poor knees, and shit.” Joseph n’avait plus l’âge ni l’énergie de s’embêter du fait qu’il demandait à une ministre de jouer à la factrice.

La petite boîte sous le bras, elle descend les quelques étages qui séparaient l’appartement du père de celui de la fille, toquant doucement quelques fois sur la porte de sa destination. Le sifflement dans ses oreilles camoufle les bruits ambiants, mais elle sent le plancher vibrer sous ses pieds, ce qui lui confirme que Randy était bien là. “Hey, it’s me,” tente-t-elle au hasard, espérant que cela suffirait à lui faire ouvrir la porte enfin. Comme de fait, un instant plus tard, elle se retrouve face à face avec sa collègue, à qui elle décoche un sourire en guise de salutation. “Uh, yeah, got a second?” Elle interprète l’espace laissé par Randy dans l’embrasure de la porte comme une invitation à entrer, constatant aussitôt l’état des lieux. “Good Lord, Miranda,” fait-elle en sondant l’espace chaotique. “Looks like there was a murder here.” Tout cela lui avait fait temporairement oublier la raison de son passage.
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Même sans invitation directe, Morgan est la bienvenue. La porte n’était jamais vraiment fermée, bien que Randy est sûrement laissé croire le contraire pendant longtemps. Une fois refermée, elle la contourne pour se présenter au milieu de cette scène de crime. ”Oh shut up doc,” lance-t-elle d’une note légère alors que son corps balançait au rythme de sa désinvolture. Elle pousse du pied un carton mais celui-ci butte contre un autre.
“Is that from my dad?” La petite boîte sous le bras de Morgan attire son regard tout en le pointant du doigt. Son esprit doucement embrumé fait enfin le lien. ”Fuck, his appointment was today. You should’ve knock or something, I was here this afternoon just… buzy.” Comme le bazar autour d’elle qu’elle désigne d’un bref mouvement de bras ballant  le prouvait. Depuis que Morgan prenait du temps de suivre son père, Randy tâchait d’être là. Peu importe ce que vieux Jo en disant, la présence de sa fille lissait son humeur. ”How was he? Your mom told me he was in great mood these days.” Et Randy évitait de dire à l’infirmière retraité que son père avait toujours eu un faible pour les sourires enjôleurs. Elle était déjà suffisamment patiente de s’occuper un peu de lui.
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Morgan baisse le regard sur le paquet calé contre sa cage thoracique, haussant les sourcils de surprise lorsqu’elle se rappelle de son existence — et accessoirement la raison de sa présence. “Oh, yeah,” finit-elle par lâcher avant de tendre la boîte à sa destinataire. Le patriarche ne lui avait pas indiqué ce qu’il y avait à l’intérieur, mais elle s’en doutait, considérant le mot keepsakes griffonné au feutre noir sur le dessus. “Don’t worry about it,” la rassure la psychiatre, un geste de main nonchalant venant appuyer ses propos. “Mom’s right—he’s having a good streak right now. Might as well let him enjoy some autonomy.” Pas que Randy l’étouffait, au contraire. L’état mental de l’ancien inspecteur était toutefois inégal, et bientôt, il deviendrait quasiment impensable de le laisser habiter seul. Heureusement, la mère de Morgan était plus que ravie d’aller lui donner un coup de main.

“What’s been keeping you so busy, then? Anything to do with the box?” Une boîte de souvenirs, si on pouvait se fier à ce qui était écrit dessus. Le regard de Morgan se pose sur une pile de papiers abîmés à travers de laquelle elle reconnaît le fini glacé d’une photographie. “Oh my God, is that—” Sans laisser le temps à Randy de répondre, elle tire sur le coin de la photo. Submergée par une vague de nostalgie, elle détaille momentanément l’image, prise alors que les polaroids étaient encore une commodité. Aujourd’hui, ils étaient rares, voire introuvables — si bien que Morgan gardait une vieille caméra et tout ce qu’il lui restait de film soigneusement emballés pour éviter qu’ils ne soient exposés au soleil. “Shit, now I feel old.” Sur la photo, on distinguait aisément une brune au teint hâlé et une blonde aux yeux clairs souriant au photographe — Randy et Morgan adolescentes, probablement autour du début du service militaire de l’inspectrice.
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Elle n'était pas si inquiète pour son père. Si son état s'était dégradé, elle en aurait sûrement entendu parlé avant. Randy pose la question par réflexe et aussi—surtout—pour ne pas passer pour une mauvaise fille. Alors elle se satisfait de la brève réponse de la médecin et balais le sujet de Joseph aussitôt. Ce qui l'intéresse c'est la boîte, si bien qu'elle en oublie de s'expliquer quand elle comprend de quoi il s'agissait. “Fuck yes, I knew he had some of it.” D'autre archive, des notes, des souvenirs. Randy reconnaissait son écriture erratique. A sa nomination au ministère, elle avait déménagé dans ce petit immeuble discret de 4 étages. Elle avait également fait transférer son père et avec lui, tout ce bordel qui occupait désormais son appartement. Il restait une bonne partie de ce stock encore chez lui, dont cette boîte que Randy avait dû entasser dans le lot dans trop réfléchir.

La blonde s'empresse de l'ouvrir, déchirant l'ouverture cartonnée pliable pour éparpiller tout son contenu sur sa table. Les différents papiers passent sous ses doigts quand Morgan soulève un trésor. Son épaule rejoint la sienne alors qu'elle vient de pencher sur la photo extraite des décombres. Elle semble tout droit venu d'une autre vie. Les deux adolescentes ont un sourire jusqu'aux oreilles, un bras autour de la taille, l'autre autour du cou. Clairement, elles manquent de tomber mais l'accolade valait le coup pour la photo. L'espace d'un instant, Randy aurait tout donné pour s'y replonger. “The boys were right. You really had no tits.” Elle se détache, non sans une oeillade en coin. Si Morgan se sentant veille, Randy, elle, avait l'impression de voir une personne totalement différente.

La taquinerie est néanmoins de courte durée quand elle tombe sur un polaroid presque totalement effacé. L'image aurait été parfaite si le visage n'avait pas été effacé. “Noah asked me if I had a photograph of his brother.” Noah, le frère d’Isaiah qui avait fini derrière les barreaux le temps de conclure s'il était de mèche ou non avec son aîné. Le pauvre homme avait appris la nouvelle en même temps que le reste du district. A défaut d'avoir pu sauver son frère d'une mort cruelle, Randy se disait qu'elle arriverait au moins à ça—ainsi que de lui éviter le même sort. Elle retournerait son appartement pour un bout de papier glacé s'il fallait.
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Le regard de Morgan se baisse vers sa blouse un peu fluide pour aussitôt remonter. “It’s not like the situation has changed much,” fait-elle dans un soupir résigné, sourire en coin. Parmi le noyau de leur petit groupe d’amis, à l’adolescence, elle avait toujours été la plus jeune, du moins à sa connaissance — et elle avait par conséquent souvent été la cible des taquineries des autres. Surtout des garçons, à vrai dire, lorsqu’ils avaient compris que s’en prendre directement à Randy risquait de coûter cher à leur ego. Jamais Morgan n’avait cru que les blagues étaient mesquines de quelque façon que ce soit; elle les avait pris pour ce qu’elles étaient, des maladresses de mômes qui naviguent les délicates relations sociales de l’adolescence, fragiles et tenaces à la fois.

La brune dépose la photo non sans un dernier regard, soigneusement sur le dessus d’une pile d’autres papiers visiblement pêle-mêle. Choisissant d’interpréter l’attitude générale de Randy comme une invitation à continuer à fouiller, elle glisse ses doigts à travers les papiers, plutôt intéressée à dénicher d’autres photos qui les feraient retourner temporairement dans le passé. C’est finalement un polaroid délavé qui fait ressurgir des souvenirs doux-amers. “Is he still in jail?” demande finalement la psychiatre après un bref silence, pendant lequel sa collègue ne détache pas ses yeux de la photo presque impossible à distinguer. Morgan comprend mieux désormais la raison du capharnaüm qui l’entoure. Randy avait promis — ou pire, s’était promis — de trouver ce Noah convoitait. Au terme d’un autre silence, la psychiatre porte ses doigts jusqu’au polaroid que Randy tient toujours et en pince le coin entre ses doigts pour le lui enlever, la défaire de la fixation qu’elle semblait avoir pour l’image qui avait autrefois été consignée sur le papier glacé. Elle pose la photo doucement sur la table, presque avec cérémonie, avant de remonter le regard vers Randy. “How are you holding up?” Sa main libre se pose dans le dos de la blonde avec empathie. Morgan ne se serait jamais permis un contact physique avec une personne qu’elle voyait dans un contexte clinique. Le geste témoignait de sa préoccupation à titre de pair, de collègue — d’amie, même, si on pouvait se permettre de les désigner ainsi.
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La photo lui glisse des mains mais c’est le contact chaud de la main de Morgan qui ramène Randy. Le polaroid était bon à jeter mais elle serait impossible de le faire tant qu’il restait l’ombre de quelques couleurs du passer. Il lui semblait faire un imperceptible mouvement pour se rapprocher de la brune mais son corps restait bien immobile. “Yeah, but not for long. Ford is expecting me to give my judgment by the end of the week.” Sous-entendu, le sort Noah sera décidé d’ici là. La ministre voyait difficilement comment elle empêcher une nouvelle exécution. Noah, sous le choc, était peu loquace. Elle peinait déjà à cerner s’il était complice ou non de son frère. S’il ne l’était pas, la commandante Massoud trouvera un moyen de le rendre coupable. Une version que semblait préférer Ford.

“You should ask him,” finit-elle par répondre en évitant l’attention porté sur elle. “He used to be a though guy. Now I barely recognize him.” Est-ce que retrouver une photo serait la clé pour l’atteindre ? Randy l’espérait. Elle tire une chaise qui froisse quelque papier au sol et parcours le contenu de la boîte déversé. “What about you?” Ce n’était pas juste de lui retourner la question quand elle n’y avait pas répondu mais l’idée que Morgan soit restée proche d’Isaiah lui traverse l’esprit que maintenant. Elle l’invitait en même temps à rester, si d’autre obligations ne l’attendaient pas.

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Une semaine; un moment aussi douloureusement bref qu’il était désespérément long. Morgan garde le silence un instant, observant les expressions de la blonde avec un intérêt discret. C’était à se demander si Randy avait elle-même réalisé qu’elle avait esquivé la question de la psychiatre — habilement ou non, selon les points de vue. Or, la brune n’aurait pas mérité le généreux salaire de tickets qu’elle recevait si elle n’avait pas vu clair dans le jeu de sa collègue. “Well, I,” commence-t-elle, marquant une petite pause pour s’assurer que Randy l’écoutait bien, “am worried about you.” Elle comprenait d’où venait la préoccupation de la ministre de la sécurité — Morgan et Isaiah étaient restés proches en dépit des années, bien plus proches que Randy et Morgan ne l’avaient été pendant longtemps. “Don’t act like a hard-ass with me, Miranda.” La psychiatre jetait tous les principes de psychologie clinique par la fenêtre dès qu’elle s’adressait à la ministre — et il s’agissait, étrangement, d’une marque de respect. D’estime, même — et elle aimait utiliser son nom complet juste pour lui rappeler l’historique qu’elles partageaient, même s’il avait été marqué par un silence radio de quasiment trente ans. “I’m devastated,” admet-elle finalement dans un souffle, au terme d’un silence trop long pour avoir été soigneusement calculé. L’honnêteté lui avait semblé être une meilleure stratégie avec la blonde, et ce, depuis toujours. “I haven’t slept well in days. I’m—I’m confused, angry, even. But it is what it is.” Sa phrase s’éteint dans un souffle, les dernières syllabes avalées par un regret qui n’avait pas lieu d’être. Peut-être qu’elle aurait dû déceler la double vie de son ami de toujours — c’était ce dont elle essayait de se convaincre. Or, elle savait que toute professionnelle qu’elle était, elle n’était ni télépathe, ni omnisciente. “And I don’t expect you to be doing better. So tell me.” Pourquoi elle ensevelissait son appartement sous une pile de papiers épars, de photos décolorées, de boîtes éventrées. “You’ve never let me help you.” Une demande implicite plus qu’un reproche, même si un observateur externe aurait aisément pu s’imaginer l’inverse. Il lui fallait une brèche, une toute petite ouverture, rien de plus. Un simple signe.
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