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when the sun goes down :: dani

Invité
Anonymous

when the sun goes down

TW They're all infected but he'll be alright
ft. @Daniella Santos






16 mars 2033, 23:43 — Territoire des Hunters

Il a le cœur au bord des lèvres, l'attention à vif et l'œil qui scrute, qui fouille vainement l'obscurité. À l'extérieur, Oz est toujours sur le qui-vive, toujours. Trop habitué aux remparts rassurants du District, aux zones sécurisées, barbelées, trop habitué à être encerclé de chiens de garde dressés pour les protéger. Il n'a jamais eu peur du noir, mais dehors, l'absence de couleur prend une drôle de symbolique ; elle devient ce rideau opaque qui masque le monde autour de lui, elle devient cette cachette où se tapissent les peurs les plus terribles. Partout où le faisceau de sa lampe torche n'est pas, il pourrait y avoir un clicker prêt à se jeter sur eux, il pourrait y avoir un sol accidenté prêt à l'avaler, à le piéger dans les tréfonds d'une terre meuble et retournée. Il a déjà vu ça : des hommes et des femmes qui se faisaient punir par la croûte terrestre elle-même, comme s'il avait fallu que la planète se venge de l'outrage qui lui avait été fait. Dans la liste des dangers de l'extérieur, ces accidents-là n'étaient pas les plus redoutés, ni les plus courants ; pourtant, ils possédaient une sorte d'absurdité absolue qui l'avaient toujours terrifié, et s'il ne croyait en aucun Dieu, Oz ne pouvait s'empêcher d'y lire un genre de punition divine. Si tant est qu'on considère la terre foulée comme une idole digne de ce nom : si tel avait été le cas, sans doute n'aurait-elle jamais fini dans cet état. Quoiqu'il fallait reconnaitre que les humains avaient la fâcheuse tendance à aimer détruire les objets de leur affection – comme les jeunes enfants avec leurs jouets.

Les pas sont précautionneux, mais rapides. Ils foulent ce mélange de bitume et de bouasse meuble – mélange parfois indéfinissable à laquelle se mélangeaient des morceaux de ferraille coupante, ou de verre brisé. Autant dire qu'il valait mieux faire attention où vous foutiez les pieds.
Il n'aimait pas beaucoup cet état d'alerte constant dans lequel il était plongé quand il se retrouvait balancé à l'extérieur ; il avait été contraint de s'y faire – ou plutôt d'apprendre à mordre sa chique – durant les deux années de son service militaire, mais il ne s'était jamais suffisamment habitué pour que sortir lui paraisse aussi naturel qu'à d'autres. Pire, certains chérissaient cet état de liberté retrouvée en quittant les carcans des murs érigés, certains appréciaient les rushs d'adrénaline déployés dans leurs veines à chaque nouveau pas en dehors de ces derniers. Il n'était pas de ceux-là, sans doute pas encore assez philosophe pour apprécier l'idée d'une mort imminente avec sérénité.
Pour autant, il ne bronchait jamais, lorsqu'on avait besoin de lui. Encore moins lorsqu'il s'agissait des Fireflies, dont les effectifs médicaux étaient relativement serrés ; il savait qu'il n'aurait jamais sa place dans aucun raid, et doutait même parfois d'arriver à faire avancer quoi que ce soit dans les recherches de cure que ceux-ci avaient continué. Le moins qu'il pouvait faire, c'était de se rendre utile lorsqu'il le pouvait, lorsqu'on le lui demandait.

C'était Navin, qui était venu le chercher ce soir-là, dans l'aile de l'hôpital occupée par les scientifiques du groupuscule. Il avait le visage peint d'un air agité qui ne lui ressemblait pas tant que ça – du moins, du peu qu'Oz avait été autorisé à observer chez lui. Les explications avaient été concises, d'un pragmatisme de coutume : le convoi précédent, envoyé au sud de la cité pour récupérer certaines ressources importantes, avait été intercepté par une bande de Hunters au moment de traverser leur territoire. Sur les quatre fireflies envoyés, un seul avait réussi à rejoindre le quartier général à pieds ; selon ses informations, deux avaient été blessés, et un était resté avec eux, enfermé dans la voiture endommagée pour les surveiller et les défendre si d'aventure des infectés s'amusaient à pointer leur nez.
La demande de Navin était simple : accompagner deux recrues de la branche action pour repérer leurs alliés dans le territoire des Hunters, évaluer leurs blessures et les ramener sains et saufs – si possible. Quant au pick-up planté, celui-ci était bien trop précieux pour qu'ils se permettent de le laisser sur place, comme un môme se contenterait de jeter un jouet cassé ; ils avaient appelé Daniella, pour ça.
Ou Dani, comme il l'appelait certaines nuits.

Il était presque ironique de constater la manière dont ni l'un ni l'autre ne s'était accordé un mot, depuis qu'ils avaient mis le pied hors de la voiture, et qu'ils s'étaient aventurés sur le territoire des Hunters : un manque de sollicitude qui aurait pu faire sourire, si quiconque avait eu vent de ce qu'il leur arrivait de partager. Des moments, des instants. Des soupirs, parfois des sourires ; un certain goût pour le pire, rarement pour le meilleur. Et puis, cette féroce prédisposition aux leurres.
Oz et Dani se connaissaient sans le faire, ils se connaissaient à la manière des amants de parfois, des flirts saisonniers. Du bout des doigts, sans jamais avoir vraiment osé se décrypter ; car se connaître vraiment, là aurait été la véritable indécence, le manque de pudeur réel. Ils étaient tous les deux de cette génération pessimiste qui était née après l'apocalypse : pour eux, c'était la naïveté qui était obscène, c'était l'aspiration à la tendresse létale des corps innocents, c'était, d'encore croire pouvoir aimer comme avant.
Ils se donnaient ce qu'ils avaient avec une délicatesse fourbe et retenue ; de celle qui craint sans cesse le trop, qui chérit le rêve d'une étreinte avant de la colorier en gris. Ils se disaient certainement que c'était tout ce qu'ils ne pourraient jamais être, ce que le monde les autorisait à devenir. Peut-être étaient-ils dans l'erreur, mais c'était avec grâce, qu'ils habitaient ce leurre.

Oz et Dani ne se tenaient pas la main.
Ils ne se tenaient pas côte à côte, pour parcourir le chemin. Pour tout dire, c'était même rare qu'ils s'adressent un regard ; pas là, pas maintenant. Ils avaient leurs moments, et celui-ci n'en était pas un. Il le savait très bien.
De toute façon, sans doute avaient-ils bien d'autres préoccupations pour les tenir ; il n'y avait qu'à voir la posture vigilante de Edna, là devant lui. Elle a fait signe au petit groupe de s'arrêter, écartant la paume vers l'arrière pour les stopper, puis a semblé tendre l'oreille.
Les cliquetis qui résonnent soudain lui glacent le sang. Ils sont trop lointains pour être immédiatement alarmants mais ils planent, comme le fantôme d'une menace.
Soudain, c'est un bouillon d'adrénaline qui lui mitraille le cœur, et par réflexe, son regard cherche la posture trapue de Gassan, qui s'alarme un peu plus loin. L'arme à son poing lui semble lourde, stupide ; il sait comment s'en servir, mais il sait aussi que si un clicker surgit, elle lui sera aussi utile qu'un bouquet de fleurs. Il n'a jamais été un soldat. Et s'il s'était toujours félicité de n'avoir jamais voulu l'être, d'avoir en répulsion toute forme de violence, il se sentait à cet instant stupide de n'avoir pas été plus attentif aux leçons de maniement d'armes.

Putain, il y en a au moins deux, Lâche Edna d'une voix tendue, en remontant la crosse de son arme devant elle, braquant celle-ci vers le noir opaque de la rue.
Trois, Corrige l'autre soldat avec nervosité, en agitant les doigts en direction des deux autres pour leur indiquer de sortir l'arme de poing basique qu'on leur avait confiée.

Le silence est assourdissant, seulement troué avec quelques cliquetis sinistres ; et s'il n'avait pas été tant au fait de l'anatomie humaine, sans doute aurait-il craint de voir son cœur perforer sa cage thoracique, pour se projeter hors de celle-ci. Même son propre souffle lui semble acide, étouffant, chargé d'une bile noire qui lui pétrifie les muscles.
Osman a peur, c'est un fait. Mais il sait qu'il serait un imbécile, si ce n'était pas le cas.

Puis soudain, les silhouettes surgissent, à quelques mètres à peines. Carcasses décharnées, déchirées, sanglantes et terrifiantes. Cliquantes. Clickers. Il a cru crever de terreur. Alors, électrisé par la peur, il n'a pas réfléchi et il s'est élancé ; peut-être avait-il dû saisir l'aboiement d'Edna, qui leur ordonnait de courir.

Oz et Dani ne se tenaient pas la main.
Sauf cette fois, lorsqu'en courant, ses doigts se sont saisis des siens.

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ft. @oz hamad






16 mars 2033, by night ; Territoire des Hunters

Dani, elle a le cœur bien accroché. Pas à grand-chose, certes ; un bout de ferraille, un fil fragile. Rafistolé avec du scotch, des épingles et beaucoup de nonchalance. Il se balance dans le vide, au bord de la falaise ; il manque de se casser la gueule. Mais elle a le cœur bien accroché quand même. C’est la seule chose qui lui reste. La seule chose qu’elle ne laisse pas rouler à ses pieds comme un grava à envoyer valser contre la pointe de sa bottine ; un myocarde enflammé, mâchouillé et un peu malmené, mais un qui fonctionne malgré tout. Et puis, n’est-ce pas son talent à elle, de réparer ? La mécanicienne des moteurs surchauffés, des carlingues gondolées et des pneus crevés, elle a bien une clé à molette dans sa boîte à outils pour resserrer les écrous de son palpitant mal huilé. Elle ne prête pas ses jouets, Dani. Et par le souffle qu’elle laisse s’échapper, on dirait presque qu’elle en est fière. Elle a une indifférence insupportable, jusque dans sa façon d’avoir la tête froide. Un petit sourire en coin, greffé à sa bouche mordue par l’insolence et un soupçon de colère qui ne se détache jamais de sa bouille baptisée par le soleil.

Elle foule le sol instable comme une gamine sautant sur les cases d’une marelle : elle joue. Elle donne l’impression de s’amuser. De ne rien prendre au sérieux. Et le contraste est d’autant plus flagrant, lorsque l’on laisse son regard glisser sur le côté. Là où se poste - un peu trop loin ou trop près, tout dépend de la position du soleil dans le ciel – un jeune homme à la prudence millimétrée. Une grenade dégoupillée partageant le même air qu’une brise silencieuse. Elle pourrait le secouer, ébouriffer ses cheveux ou simplement le bousculer. Mais elle n’ose pas le toucher.
L’ironie est quelque chose qu’ils aiment, un peu comme leurs vêtements, s’arracher.

Mais pour une fois, Dani est docile. Du moins, autant qu’elle peut l’être. Se baissant lorsqu’il le faut, prêtant l’oreille et gardant l’œil attentif, elle suit les directions de leurs deux accompagnateurs. Elle guette le moindre cliquetis distinctif, ayant le don de faire naître à la surface de sa peau une nuée de frissons d’horreur. Elle n’a toujours rien dit. Elle se contente parfois de froncer les sourcils, d’hausser une épaule, ou de resserrer sa main autour de la crosse de son arme, calée à sa hanche. Mais lorsque la menace s’approche, et que les silhouettes ignobles de ces clickers commencent à se détacher de l’ombre, Dani réagit. Ses ongles effleurent son pistolet, mais ses doigts glissent sur le vide.

Non, pas exactement. Sur ceux d’Osman : il court. Et il l’entraîne avec lui dans une cavalcade impromptue, dénuée de destination et d’accord. Dani manque de trébucher, se prenant les pieds dans un mélange de graviers et de boue malléable. D’un regard vers l’arrière, elle distingue à peine les silhouettes des deux autres soldats, filants dans un sens opposé au leur pour fuir les créatures : si deux les prennent en chasse, le troisième traque le second duo qu'ils forment.

Oz !, s’écrie Dani, essayant de tirer sur la main de son camarade pour le faire ralentir.  Oz, putain, arrête, il faut que je…

Elle veut tirer. Elle veut caler une balle entre les deux yeux de ce monstre putride, affamé et difforme. Elle veut en faire quelque chose de moche, d’immobile, d’encore plus mort. Elle veut peut-être le protéger, lui aussi. Parce qu’elle sait qu’il n’est pas doué avec une arme – elle s’est déjà moquée de lui pour ça, durant l’année de service militaire qu’ils ont partagée. Elle ne lui en veut pas d’avoir peur. Pas même de courir comme il le fait. Mais Dani est capricieuse. Et elle sait que lorsqu’ils se seront arrêtés, elle trouvera une bonne raison d’être rancunière.

Pour l’heure, elle recouvre enfin un semblant de contrôle sur la situation lorsqu’elle sent son acolyte fatiguer. Le ralentissement de sa cadence permet à la mécanicienne de prendre le dessus : désormais, elle parvient à tirer suffisamment fort sur son bras pour entraîner Oz dans une ruelle plus étroite. Les murs ne sont pas entièrement faits de briques : l’un d’eux possède une fenêtre. Ou du moins, ce qu’il en reste. Un encadrement en fer rouillé, où quelques fragments de verre rappellent à peine le souvenir d’une vitre autrefois entière. En une enjambée, elle parvient à s’engouffrer dans le bâtiment : une ancienne salle d’arcade, visiblement. Un endroit où des gamins se sont sûrement bien amusés, autrefois.
Mais qui ce soir sert à Oz et Dani de cachette.

Ah, oui, et aussi, de lieu où elle peut lui donner une gifle derrière la tête.

Qu’est-ce que t’as foutu, putain ? On aurait pu les aider ! On aurait p…

Elle se mord la lèvre, puis plaque ses mains sur sa bouche, pour s’empêcher de faire le moindre bruit, le moindre son : les cliquetis se sont rapprochés. La créature a cessé de courir, mais sa démarche boitillante dérange les éclats de verre, les débris et les chaises renversées sur le sol. Elle n’a pas vraiment peur, Dani. Parce qu’elle a le cœur bien accroché. A un fil, certes. Un bout de ferraille, peut-être.

Aux yeux d’Oz, aussi.

Elle le supplie sans le dire de rester discret, de ne pas laisser un seul son lui échapper. La main de Dani glisse jusqu’à sa propre arme, et d’un mouvement de menton, elle indique à Osman de l’imiter : il va bien devoir s’y coller un jour. Dani se dit qu’elle pourra toujours l’aider. Passer ses doigts autour de son poignet, sans penser à toutes les fois où les rôles ont été inversés, et lui donner suffisamment de stabilité pour pouvoir tirer. Juste le temps pour eux de fuir de nouveau, de trouver une solution – préférablement inflammable, pour se débarrasser de leur problème (dé)ambulant. Pour l’heure, Dani attend. Silencieuse. Muette. Interdite.

Oz et Dani ne se tiennent pas la main. Mais depuis quelques minutes déjà, leurs paumes se gardent jalousement l’une contre l’autre : jusqu’à-ce que celle de Dani ne finisse par s’éloigner, mais de peu. Juste assez pour permettre à son index de venir dessiner quelque chose au creux de la sienne, contre la ligne de vie et de cœur. Une lettre après l’autre, en essayant de ne pas trembler. Quelques voyelles et consonnes tracées à l’encre invisible. Run ? puis Hide ?
Et enfin.
Shoot ?

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