Invité
the seed
So my tears can be rain. I will water the ground where I stand So the flowers can grow back again. 'Cause just like the seed, Everything wants to live. We are burning our fingers, But we learn and forgive @Moh Makavan
Elle n’a pas eu une seule journée à elle depuis si longtemps qu’elle est incapable d’envisager une réelle grasse matinée. Les habitudes ont la peau dure, se faufilent sous sa peau, s’éprennent de ses muscles, se resserrent sur son cerveau. Elle a les yeux grands ouverts alors que le soleil paresse encore derrière l’horizon, et se rendormir n’est même pas considérée comme une option. Dans son appartement, elle s’active en silence, se faufile entre les murs du District qui se réveille avec elle aux aurores. Le passage n’a pas encore ouvert quand elle s’y présente, et elle patiente sans un mot devant les barricades en attendant qu’on ne lui permette de l’emprunter. L’attente est terrifiante, met en lumière doutes et incertitude. Elle frissonne dans l’air glacial, le pied tremblotant, jette des coups d’œil furtifs aux gardes. Si elle a parfois pu croiser ses adelphes via les activités des Fireflies, toujours brièvement, trop prise par son poste d’assistante, Lila n’est plus qu’un souvenir cuisant, une nostalgie épineuse. Elle aurait tout donné pour se réfugier à nouveau dans ses bras.
La matinée est froide et brumeuse, mais elle s’enfonce sur le chemin d’un pas déterminé, le cœur tambourinant dans sa poitrine. La peur pulse comme une second myocarde dans sa poitrine, assourdissant et douloureux. C’est la première fois qu’elle s’engage dans cette voie depuis l’inauguration du passage, seule, la gorge nouée et l’estomac dans les talons. Rejointe par un homme empruntant comme elle le passage au petit matin, elle se coule dans son sillage sans oser trahir son inquiétude. Le menton haut, dotée d’une assurance hautaine et silencieuse, elle n’en mène pourtant pas large, en son fort intérieur, s’avance, alerte et aux aguets.
Passer la barricade de Forest Hills ne suffit pas à la soulager, laisse seulement la place à une douleur plus profonde, plus silencieuse, mais pas moins dense. En s’aventurant dans les rues qui s’éveillent, en croisant quelques visages plus souriants qu’au District 11, elle fait face à la vie plus douce qu’elle s’est refusée pour servir les Fireflies auprès d’Annabeth. A la vie que mènent deux adelphes, Lila et son neveu, sans elle. Le manque est le plus douloureux, gratte au fond de ses intestins, lui rappelle encore et toujours ce qu’elle a perdu. Sur le pas de la porte de Moh, elle manque d’éclater en sanglots, et son poing contre le bois est timide, résonne tout bas, trop bas, avant qu’elle ne répète le mouvement, plus décidée.Moh ? Moh, tu es là ? Elle s’immisce dans un quotidien qui ne lui appartient plus, vient réclamer une place qu’elle abandonné quelques années plus tôt, en refusant de les suivre ici. A l’abri, là où il fait bon vivre. Où personne n’est expulsé d’une manière drastique, officieusement.