Le Deal du moment : -28%
Précommande : Smartphone Google Pixel 8a 5G ...
Voir le deal
389 €


Retour au forum

shadows that should be (hector)

Invité
Anonymous








TW

shadows that should be


early march, lunchtime, snow-filled skies (outfit inspo)


L’air froid de mars tente de se faufiler au sein de la maison familiale, se glisse aux coins des vitres et sous la feinte de la porte d’entrée. Il cherche à se faire une place au sein de la demeure, loin du dehors qui lui appartient déjà. Mais quelque chose l’en empêche. Peut-être est-ce la simple chaleur que les radiateurs offrent à l’appartement. Peut-être est-ce celle qui émane de la cuisine, du repas que Taeri finit de réchauffer. Des produits que beaucoup ne pourraient jamais se permettre d’obtenir, que ses rations privilégiées lui offrent avec douceur. Les épices ne sont pas vraiment celles de son enfance, mélanges de ce nouveau monde qu’elle a été forcée d’accepter. La nourriture qui prend place sur la table est aussi authentique que le district le permet, remplit la salle d’une douce odeur.

Elle n’a pas à attendre bien longtemps, Taeri, avant que quelques coups soient offerts à sa porte. L’heure offerte pour le déjeuner n’est pas généreuse pour tous, bien qu’elle puisse se permettre de rentrer chez elle pendant la sienne. Aujourd’hui, c’est sa compagnie qui la pousse à le faire. Hector est invité avec douceur, un large sourire aux lèvres, alors qu’elle le mène au travers de l’appartement qu’il connait déjà. Il la connait mieux que quiconque, ce à quoi elle n’ose pas souvent penser. Elle qui s’est ouverte à lui quand elle n’était qu’une patiente, voilà qu’elle se prend à se taire alors qu’ils sont devenus amis. Peut-être parce qu’elle craint qu’il la juge, loin des murs professionnels de son cabinet. Ou peut-être est-ce simplement parce que les doutes qui s’entrechoquent dans son esprit la forcent à rester silencieuse, elle qui sait bien ce que quelques phrases peuvent bien offrir. Et pourtant, c’est à cause de ces quelques phrases interdites, ces quelques questions qu’ils sont là, chez elle, et non au dehors.

Taeri se contente d’une conversation des plus banales lorsqu’ils s’assoient, alors que la nourriture disparait lentement. Et puis le silence la trouve, alors que son regard est perdu dans le fond de son verre d’eau. Elle aimerait pouvoir se penser calme, jouer de Hector comme elle se joue parfois du monde. Mais elle le sait bien, dans le fond, qu’il voit au travers d’elle comme peu d’autres peuvent. Souvenirs lointains des heures qu’il a passé à la faire parler, à partager ce qui lui pesait lourd. Have you had a chance to go by Forest Hill yet? qu’elle demande innocemment. They have me working with some of the kids there sometimes. Son regard trouve celui de l’ami, essayant sans pour autant y parvenir, de dissimuler les doutes au psychologue. The air is so fresh there, I’m almost jealous! Le rire sonne faux, résonne entre sur sa langue sans pour autant briller dans le fond de son regard. C'est une pensée qu’elle n’offrirait pas à n’importe qui, pas alors que les murmures de rébellion flottent dans chacune des rues. Il sait bien qu’elle ne quittera jamais le district, Taeri, elle dont le cœur est presque devenu un avec le régime. Et pourtant. I guess I get why some people wanted to move there. Et pourtant, ses doutes grandissent doucement. Comme le cordyceps qui continue de détruire l’humanité, ils se propagent sous sa peau, dangereusement proches de son cœur.

Elle parle de douceur et d’air frais.
Les murs de sa demeure hurlent un secret qui ne peut être partagé.
Son regard murmure le nom d’une fille qu’elle n’a pas trouvé.

@Hector Prince
icons by vocivus
Invité
Anonymous








TW

shadows that should be


early march, lunchtime, snow-filled skies (outfit inspo)



Il reste sur le palier deux secondes de trop. Deux secondes qui ne sont jamais là en habitude, qui l’étonnent le premier. Quand son poing se lève pour frapper la porte, il ne peut s’empêcher de se demander pourquoi il s’est arrêté, troublé, devant le foyer fermé.
Puis Taeri ouvre et il sourit, de son sourire tranquille, celui qui ne montre pas ses dents mais ses fossettes. Un sourire qu’il a appris à offrir à cette femme après de longues circonvolutions l’un autour de l’autre, à se connaître sur deux fauteuils, une table basse entre eux puis, entre autres, autour de ces repas.
L’odeur ici, est toujours particulière. C’est l’odeur d’une nourriture que l’on a préparée pour quelqu’un d’autre que soi. C’est la nourriture qui se rapproche le plus du coeur sans doute, ici au District. C’est aussi une nourriture que certains, beaucoup, envient et qu’Hector a toujours quelques remords à avaler avec autant de plaisir. Parce qu’il est Hector, il pense encore un peu aux autres quand il regarde une bonne voire belle assiette, à de rares occasions.
Certains efforts sont plus futiles que d’autres.

L’appartement n’a pas bougé. Comme le sien. Comme ceux de leurs voisins. Il se demande pourquoi il y pense alors. Encore une pensée parasite qu’il a envie de secouer loin de lui.
Profite.
D’elle, de sa présence, sa conversation, son esprit, ses sourires comme elle lui a donné avant d’entrer, quand elle s’est révélée.
Un seul grand sourire quand il y pense.
- Have you had a chance to go by Forest Hill yet ? They have me working with some of the kids there sometimes.
Il relève les yeux. Pas de surprise devant cette question que tout le monde se pose régulièrement depuis l’ouverture de leur camp à leurs voisins.
Il ne répond pas. Parce que comment lui dire, que quand il a remonté les allées et rues de Forest Hill, une à une, il n’a pas fait attention à la facture des maisons ? Aux fleurs, aux plantes ? A la musique, qu'il aime tant.
- The air is so fresh there, I’m almost jealous!
Comment lui dire qu’il n’a rien senti et qu’il aurait pleuré de sa bêtise en s’en apercevant, une fois rentré, si toutes ses pensées ne s’étaient pas tournées vers celles qu’il avait cherchées avec un désespoir croissant et ridicule ? Qu’à la place de tout ce qu’il attendait de Forest Hill, il n’a trouvé que le vide ? Qu’il n’en attend donc plus rien, plus d’air frais, d’herbes grasses, de cris d’animaux nombreux.
Il ne dit rien parce qu’il y a autre chose aussi, derrière les mots de Taeri, et derrière ce rire désincarné, qui n’est pas elle. Il l’observe alors. De ce regard calme, comme son sourire, avec des yeux qui ne cillent pas et une expression placide mais curieuse.
Même derrière sa propre douleur, les instincts de celui qui a dédié sa vie à écouter, les pleins comme les creux, ne sont jamais loin.
- I guess I get why some people wanted to move there.
She guess …
En entretien, il aurait laissé le silence se poursuivre tranquillement pour lui laisser le temps de trouver ses mots, de peser ses pensées et émotions, de choisir ce qui devait être révélé dans l’instant. Au moment de balance, celui où ce silence s’apprête à devenir nocif pour la prise de décision, il l’aurait dit, ce “you guess ?”.
Mais ils n’en sont plus là depuis longtemps déjà et s’il aimerait lui laisser ce temps, ce silence, il ne le peut pas.
- L’espace est troublant.
Il repose ses yeux quelques secondes sur son assiette.
- Quand on sort, quand on voit le monde.
C’est la première fois qu’il est sorti. Et quel échec …
Devant cet espace soudainement infini, ce monde réduit à deux points d’humanité.
- Je n’ai pas fait attention à l’air et je suppose que je m’en veux un peu.
Il a une expression piteuse, fugace.
Ce "suppose" veut dire beaucoup de choses. C'est une invitation à se demander ce qu'il a à la place des remords.
- Il faudra y retourner, tu me montreras.
Quoi, de l’air ?
Son expression est aussi fausse que l’est celle de Taeri. Ils se le montrent tous deux en laissant à l’autre le soin de deviner pourquoi. Ils savent tous deux qu’ils se lisent bien assez pour voir ces subtilités. Le temps, il faut du temps, comme toujours et comme pour tout.
Parce qu’Hector ne compte pas y retourner. Parce qu’on ne sort pas pour sentir un air vif sur sa peau.
Mais c’est autre chose, cette phrase innocente, adressée à Taeri et personne d’autre, en réponse à quelques mots qui venant d’elle, sont étranges au mieux, inquiétants peut-être. Que pense-t-elle de ces gens, ces autres qui ne sont pas des Fireflies mais qui ne sont pas du District ? Après ce qui s’est passé, après ses décisions ?
Il se rengorge.
- Qu’est-ce que tu as choisi de visiter là-bas ?
La question semble anodine, ne l’est pas et Taeri le saura, venant de lui.
Qui a-t-elle choisi de voir en premier ? A qui parler ? De quoi ? De l’air vif et frais, qui purifie le corps quand on rêve d’en serrer d’autres contre soi ?

@Jeon Taeri
icons by vocivus

shadows that should be (hector)