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what should be but hasn't been (jannah)

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what should be but hasn't been


early february, a cloudy late afternoon (outfit inspo)


Elle ne sait pas vraiment depuis combien de temps elle marche, Taeri. Ses pas l’emportent au travers du passage sans qu’elle n’ait vraiment à y penser, entourée d’autres médecins qui ont passé leur journée à aider les habitants de Forest Hill. Sa marche n’est pas vraiment naturelle, tangue vers la droite sous le point du pistolet qui habite sa hanche. Une arme qu’elle parvient à manier sans trop de difficulté, bien qu’elle n’y touche normalement que lors du service militaire annuel. Elle n’a jamais porté une telle arme aussi longtemps et le bleu qui s’est dessiné lors de son voyage allé ne fait que s’assombrir. Malgré tout, c’est presque comme si elle ne fait pas attention a la douleur, comme si chaque pas n’était pas un enfer. Son esprit est ailleurs, alors qu’elle ne suit le chemin jusqu’au district que grâce a la foule qui l’entoure. Plus que l’enfant qu’on lui demande de sauver, c’est l’absence qui pèse lourd.

Taeri n’a pas pu découvrir tous les coins de l’ancien district. Surprise par la verdure et le calme entre leurs murs, elle n’a pourtant vu que quelques bâtiments, n’a parlé qu’a quelques personnes. Professionnelle, la plupart de ses mots ont été précis. Et pourtant, elle s’est permise de pousser les limites de ce qu’on pouvait attendre d’elle. Danai. Le nom a été prononcé doucement, avec attention, comme s’il ne s’agit pas de son enfant, de cette fille qu’elle a aimée plus que l’homme qui a refusé d’être son père. Le nom se doit d’être connu, elle en est certaine. Parce que c’est vers le nouveau monde que Danai s’est échappée, la verdure dont elle a toujours rêvé. La mère ne s’attendait pas à des retrouvailles lors de ce premier jour, consciente que ce monde qui est le leur ne l’aurait probablement pas permis. Mais elle ne s’attendait pas non plus au silence qu’elle a reçu. Le nom de Danai n’est pas familier. Étranger a cette communauté qui se doit pourtant d’avoir une idée de chaque personne qui la traverse, le nom semble ne rien vouloir dire. Pas de doute dans l’esprit de ceux qui ont répondu à ses questions, pas même malgré les difficultés qui se sont heurté au groupe cette année. Elle aurait aimé qu’ils en aient, des doutes. Parce que ceux qui ne sont pas les leurs sont donnés à la mère. Elle doute, Taeri. Elle doute de quelque chose qui aurait dû être une certitude.

L’arrêt soudain du convoi la surprend, perdue dans ses pensées. Elle reste silencieuse, ne grimace même pas lorsque les peacekeepers la testent. C’est presque si sa peau est habituée à cette courte douleur, tout comme son regard est habitué à la lueur rouge qui illumine le scanner. Une des anciennes recrues de Pildo lui offre un hochement de tête poli auquel elle répond alors qu'elle lui offre l'arme qui n'a jamais vraiment été la sienne. Et la voila de retour dans ce monde qui semble avoir toujours été le sien. Elle ne manque pas l’air et la verdure, ni même le calme du royaume au-delà du passage. Les lourds sons du district lui sont familiers, s’accrochent à elle avec une certaine nostalgie. Elle aimerait pouvoir s’éloigner, trouver sa demeure et s’y perdre la, donner le temps a son esprit de comprendre ce qu’il vient d’apprendre. Mais la silhouette qu’elle manque de bousculer l’en empêche.

Jannah, qu’elle offre sans même réfléchir – qu’elle regrette presque immédiatement. Ce n’est pas qu’elle ne veut pas la voir, qu’elle ne désire pas sa compagnie. C’est qu’elle lui en a parlé. C’est qu’elle s’est prise à partager son excitation. Comment pourrait-elle lui faire part de ses propres doutes ? Comment pourrait-elle risquer de briser ses propres espoirs ? Qu’est-ce qui t’amène ici ? Le ton se veut calme et polis, doux comme il l’est toujours avec elle. Elle qui aurait pu être sa belle-fille – qui l’était, peut-être, un instant durant. Si Ford t’a envoyé pour trouver quelqu’un, je n’ai pas vu de groupes après nous, tu risques d’attendre un moment. Taeri fait tout pour que la conversation se tourne vers Jannah, tout pour qu’elle ne risque pas de se retrouver sur elle et les doutes qu’elle ne parvient pas à dissimuler dans le fond de son regard.

@Jannah binti Jati
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WHAT SHOULD BE BUT HASN'T BEEN

La journée est passée trop vite, si vite, sans qu’elle n’ait su réellement se préparer. Elle n’a pas eu le temps, pas eu le temps d’y penser, d’y réfléchir, pas le temps pour savoir ce qu’il conviendrait de dire à Taeri, de quelle manière l’aborder pour avoir l’air naturel, sans pour autant lui planter un nouveau couteau dans la poitrine. Comment nourrir ses attentes, ses espoirs, en sachant pourtant pertinemment qu’il est vain de s’entêter dans pareilles recherches. Elle a tenté d’agir le plus naturellement possible, comme toute habitante dont ses proches s’en sont allés du District 11. D’abord Danai, puis sa mère et deux adelphes. Dont elle devrait attendre des nouvelles, puisqu’elle ne devrait ni être impliquée dans le mouvement firefly, ni au fait du réel sort accordé à celleux qui tenteraient de s’en aller. Peut-être aurait-elle dû prétexter être occupée, ce soir, avant de manquer de se faire bousculer par Taeri, visiblement ailleurs. Non, je… j’ai fini pour ce soir. J’ai ma soirée. Pour une fois, elle ne court pas d’un bout à l’autre du District 11 pour Annabeth, s’accorde quelques heures de répits, une soirée à accorder aux autres, mais d’une manière différente. Plutôt que de se tourner vers les hautes autorités du district, elle s’accorde un peu de temps au cœur de sa population, prend son pouls, silhouette perdue parmi les autres. Je passais te voir. Les années et la perte de Danai n’ont pas tari ses relations avec la famille Jeon, les ont comme renforcé. Elles se sont soutenues lors du départ de la jeune femme, le cœur brisé, celui d’une mère et d’une amoureuse. Sans savoir encore la cruelle vérité. Ce n’en est que plus difficile de regarder Taeri dans les yeux, en portant avec elle le secret du sort de sa fille adoptive. Elle n’a jamais vraiment quitté ces terres. Le projet d’un passage entre Forest Hills et le District 11 a éveillé trop de sentiments contradictoires chez elle. L’idée seule de serrer à nouveau Lila dans ses bras, de rencontrer son neveu, suffit à la réconforter. Mais il existe un revers à chaque médaille, et celle-ci porte le deuil de Taeri, à qui la vérité ne peut être accordée. Qui cherchera encore sans relâche son enfant sans savoir que tout espoir est vain.

Le jeu de dupe auquel elle se prête ne l’a jamais mis aussi mal à l’aise qu’en cet instant. Elle devrait attendre impatiemment le retour de Taeri, les yeux brillants du même espoir, de la même excitation, que cette femme lui a témoigné ce matin. Cette tromperie là est la plus douloureuse, bien plus encore que tous les mensonges qui dissimulent son appartenance aux Fireflies. Elle n’est pas censée savoir que Danai est morte. Elle devrait encore attendre son retour, ou au moins, de ses nouvelles. Et Taeri doit s’y attendre.
La gorge nouée par l’anticipation, l’empathie affutée par sa connaissance des événements, elle se doute qu’elle n’a aucunement envie de l’entendre lui poser mille questions, qu’elle préférait certainement remuer sa déception seule. Si elle avait eu de bonnes nouvelles, elle se serait ruée vers elle pour lui apprendre. Elle est faussement hésitante, le regard bas, gênée, un bout de chaussure qui gratte le sol, à chercher ses mots sans savoir comment ne pas mettre les pieds dans le plat, ne pas se trahir elle-même. T’as l’air fatigué. Ailleurs. Déçue. La journée s’est bien passée ? Mais l’ignorance vaut mieux que la vérité.

La tête penchée sur le côté, elle l’ausculte du regard, sur le qui-vive, à tenter d’établir un plan d’action quand tout parait lui échapper. Elle aurait seulement aimé la prendre dans ses bras, la consoler en silence, pleurer avec elle. T’as eu un peu de temps pour toi ? Pour les voir ou demander si iels étaient là ? Enfin j’imagine que si vous avez été dépêché là-bas, c’est vraiment qu’iels avaient besoin d’aide et qu’on vous a assommé de travail. Elle lui donne comme une excuse pour ne pas parler de Danai, alors qu’elle devrait brûler d’envie de savoir. Qu’elle brûle d’entendre des nouvelles de sa famille. De savoir si Lila va bien, si son sourire est toujours si lumineux, et si Moh ne lui ment pas pour la rassurer, les quelques fois où iels se croisent. Mais elle ne peut décemment lui demander seulement des nouvelles de sa famille sans mentionner Danai. Il y a tant de questions qui lui saturent l’esprit, menacent de s’écrouler contre ses lèvres, mais sur lesquelles il ne serait pas bon de poser les mots, au sein du District 11, sous peine d’avoir l’air plus que suspecte, d’être taxée de trahison. Elle aurait aimé lui demander comment c’est, là-bas. Comment c’est d’y vivre, de s’y promener, quel effet ça fait, après les hauts murs et les patrouilles du District 11. Est-ce qu’il y fait vraiment plus doux, est-ce que Moh essaie seulement désespérément de la faire changer d’avis, quitte à grossir le trait, ou s’il y fait vraiment si bon vivre ? Mais elle a appris à taire ses véritables pensées, quand la loyauté pour la FEDRA en persuaderait plus d’un de vendre ses propos séditieux. Ne lui reste que son silence et son masque d’impassibilité.


what should be but hasn't been (jannah)