Invité
a beating heart of stone
mid april 2033, end of the day (after curfew)
@Javier Caldeira
Minjun est de sale humeur. Ce ne devrait être une surprise pour personne. Cela fait cinq ans que les Peacekeepers qu’il fréquente ont l’habitude de ne pas se formaliser de ses hauts et bas. Pourtant le malheureux qui se retrouve affecté à la surveillance avec lui ce jour-là est bien loin d’être ravi. Il est plus jeune, un des récents diplômés qui les a rejoints récemment. Et la journée a commencé avec la porte ouverte d’un coup de pied qui l’a fait sursauter. Chaque déplacement de la chaise, chaque mouvement est une saccade, qui le fait tressaillir. Et évidemment, il se fait épingler à chaque fois.If you’re that jumpy, you’re never going to make it. Les piques ont été lancées avec une précision chirurgicale, les unes après les autres, à mesure que les heures passent. Rien ne se passe malheureusement sur les écrans, ce qui aurait pu offrir une échappatoire au Bleu. Et c’est loin d’arranger l’atmosphère, impatience qui se fait ressentir, frustration qui ne cherche même pas à retenue. Les claquements de langue deviennent de plus en plus réguliers. Il y a eu des fruits secs, qu’il lui a mangées sous le nez dans lui en proposer. Le stylo, censé aider à noter les infractions, qu’il a tapoté sur le bois de la table. Et il pense que c’est terminé quand la relève arrive, à la fin de leur service, pour prendre leur place. Les nouveaux venus sont à peine salués alors que l’aîné enlève ses pieds de la console. Le regard échangé par les plus chevronnés en dit long, mais aucun d’entre eux n’ira se risquer à dire quoi que ce soit. Ils sont tous familiers avec le numéro, et ont depuis abandonné l’idée de le faire recadrer. Cependant, le plus jeune n’a pas eu le mémo. Et s’il aurait pu s’en sortir, le soupir mi-exaspéré, mi-soulagé qu’il lâche alors qu’ils sortent sonne le glas pour lui.You have something to say?
La voix n’a pas été élevée et le jeune homme se fige dans le couloir. Il se retourne pour retrouver le Peacekeeper l’observer, dans une tranquillité toute feinte, devant la porte fermée. Son regard passe du battant à l’autre bout, essayant de voir une issue, un allié. Et il finit par soupirer de nouveau, visiblement résigné :You’re everything they say you are. Really… and what do they say? Il a effectué un pas en avant pour se rapprocher de sa proie. Qui n’a pour l’instant pas flairé le danger, persuadé qu’il l’est qu’il est intouchable, dans son uniforme blanc, entre ces murs. Et c’est sans doute cette erreur qui lui fait bomber le torse pour l’affronter, et tenter :A little b… Il n’a pas le temps de terminer. La main de Minjun s’est tendue, l’attrapant à la gorge. Il pensait avoir physiquement le dessus, étant mieux bâti et ne s’est pas méfié. La rapidité l’a surpris et avant qu’il ne puisse se reprendre, il se retrouver plaqué au mur. Il n’y a pas l’ombre de la rage qui habite pourtant le cœur du jeune homme, sur ses traits parfaits, alors qu’il approche son visage de celui du Bleu.If I were you, I would be very careful with the way I address my superiors. You’re not my sup… Il ne finit pas. Parce quesa tête est partie en arrière, et son crâne vient de heurter violemment la paroi. Et le visage de son partenaire du jour, et bourreau improvisé se rapproche du sien. Il n’y a pas d’amusement. Rien qui ne transparaisse. Mais quelque part, il y a un peu d’admiration, dans la manière dont on lui résiste. Du potentiel, peut-être. Mais d’abord, il doit mettre les choses au clair :There are a few things you need to learn, newbie. And the first would be: respect your elders. Et son demi-sourire n’annonce rien de bon, si le défi qu’il lit dans les prunelles de l’autre se transforme en une nouvelle provocation.
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