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(yOu shOulD SeE tHE oTheR guY)


District 11, hôpital // @Grace Steinem


13 mars 2023, début de matinée.

Il y a ce temps de battement qui vient rapidement effacer son sourire.
Is that all it was for you? Blowing things up? Il y a ces mots emplis de colère qui mettent sur la défensive, la distance qui les sépare trop vite supprimée.
You let them execute people you knew like animals, and you miss blowing things up? L’accusation heurte, blesse plus qu’il ne l’aurait imaginé. People are dying, under your supervision, and you. miss. blowing things up? Les coups portés entre chaque mot ne font qu’enfoncer le poignard un peu plus profondément dans son cœur, dur rappel que tous ses efforts sont vains, qu’il ne parvient à rien de concret malgré les tentatives. Le regard de Grace, plus que jamais, est difficile à soutenir. Face à sa fureur, Javier ne présente plus que cette tristesse teintée de honte, celle qu’il aurait voulu enfouir profondément, celle que les accusations fait ressortir alors que le couteau est retourné dans la plaie et que ses échecs lui sont rappelés.

Alors il encaisse. Encore et encore.
What is wrong with you Javier? How can you say things like that, as if… As if you didn’t choose to leave and go become everything you’ve always fought against. Et à nouveau, il encaisse. Les mots et les coups. Malgré ses côtes qui souffrent, malgré cette voix qui lui hurle de s’enfuir. How can you laugh about it as if it’s a hobby and not a fucking life or death situation? Une erreur. Encore. Une de plus qui s’ajoute à la liste déjà trop longue. Des paroles déplacées, qui heurtent quand elle ne devrait pas. Il y a-t-il tant de choses qui les séparent aujourd’hui pour qu’ils ne parviennent plus à se comprendre ? Trop de temps passé loin l’un de l’autre, trop de non-dits et trop de fierté. Trop de ressentiments accumulés.

Et puis il y a ces coups, ceux qui l’ont fait reculer jusqu’à se retrouver bloqué, ceux qui font mal et qui arrachent grimaces et plaintes silencieuses.
Grace-
Un nouveau coup.
Please-
Encore.
My ribs-
Et encore.
Don’t-
Les poignets difficilement attrapés alors que cette fois, il refuse d’être encore une fois frappé.
Stop it! It hurts. Élément passé sous silence, sa face n’affichant qu’un mélange de déception et d’incompréhension. Et comme la peau de Grace lui semble incandescente, il ne tarde pas à relâcher ses mains, tout pour rompre le contact au plus vite. You’re acting like I’m the one holding the gun. Un murmure, parfait symbole de l’état second dans lequel il se trouve à présent, les désillusions qui frappent et ramènent à la réalité. A celle, trop terrible, qu’on voudrait oublier. A celle qu’il avait voulu oublier en allant se battre la nuit dernière.Et il y a ce rire désabusé qui lui échappe, trop léger, trop distant. Les prunelles égarées, fixées dans le vide comme il ne parvient même plus à regarder Grace, alors même qu’elle se trouve si proche.
Do you really think that I support all this shit? Plus aucun n’est fort pour cacher à quel point il est blessé, à quel point les paroles accusatrices l’atteignent. Parce qu’il est épuisé de lutter, épuisé de tout cacher et de mentir à longueur de journée. Épuisé de chercher de nouvelles parades pour protéger les quelques fireflies qu’il a connu. For fuck’s sake, I’m trying. I’m trying to make it stop but I have no fucking power over this. They’re out for blood and every other suggestion is rejected. Combien de fois a-t-il essayé de prôner des méthodes plus douces ? Combien de fois a-t-il tenté de prévenir l’escalade de la violence ? La moindre proposition allant dans le sens contraire de Ford généralement moquée, mal vue. And we both know that I can't go and kill Ford and Massoud just to prove I'm not the asshole you want me to be. Une main passée dans ses cheveux puis un long soupir échappé parce qu’il ne se sent même plus capable de trouver les bons mots. Si tant est qu’il y ait de bons mots. Tout est flou dans son esprit à présent et Javier ne sait même plus quoi penser. Cette douleur qui irradie ses côtes le maintient dans cette réalité qu’il voudrait fuir et efface définitivement sourires et rires, les remplaçant par cet air trahi et abattu.
You know, keeping these people safe, it’s all I had when you left. You shouldn’t forget this part of the story. La vérité dure à avouer et pourtant presque libératrice, poids retiré de ses épaules.L’excès d’orgueil finalement mit de côté, trop tard sûrement.

Il s’éloigne, refuse de lui faire face, le besoin de remettre de la distance entre eux accentué par cette faiblesse avouée et ce sentiment de trahison. Il y a eu un moment, où il a été assez naïf pour croire que ça pourrait être comme avant. Que même durant quelques minutes, ils parviendraient à mettre tout de côté et simplement se réjouir de voir l’autre bien en vie.
Among all, I thought you’d be the one to understand. Les épaules qui s’affaissent, quelques secondes seulement alors qu’il prend une longue inspiration. Comme un signe d'abandon, le port redevient altier, celui de l'officier, du commandant qui ne doit rien laisser filtrer et paraître fier. De nouveau, il fait face à la brune. But fine, keep thinking I’m the villain if that makes you sleep better. Les mâchoires serrées, les mots sont sifflés, pleins d’amertume et de ressentiments. Il ne sait plus comment se positionner, Javier. Il ne sait plus sur quel pied danser, il ne sait plus où sont les limites, il ne sait plus qui ils sont. Probablement deux étrangers, au point où ils en sont.
I should go. I got some executions to vainly try to cancel. La main sur la poignée, Javier prend seulement le temps de se retourner vers Grace, la mine sincère quand il lui adresse un signe du chef, à mi-chemin entre le remerciement et le salut.
Thanks for the stitches. Have nice day, doc’. Appellation impersonnelle, la distance qu’il continue de mettre lui semble nécessaire à présent, presque vitale.Il a besoin de temps pour réfléchir, pour prendre du recul sur tous ces événements. Et avant tout, il a besoin de sortir de là.